Le Training @UP, bien plus que de l’entraînement !

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L’entraînement, c’est tout un pan du projet de UP – Circus & Performing Arts dont on ignore parfois l’existence mais qui constitue l’un des socles du Centre scénique. Tout comme il est la base, quasi-quotidienne – et souvent invisible – du développement de la carrière des Artistes de Cirque. Depuis le déménagement de l’Espace Catastrophe à Molenbeek en 2021, le dispositif connait une sacrée évolution en termes de fréquentation, accueillant désormais plusieurs centaines d’Artistes de Cirque, Résident·es ou de passage à Bruxelles. L’occasion de faire le point sur les pratiques de Training proposées par UP : quelle place occupent ces espaces d’entraînement, au cœur du Centre scénique circassien, dans un projet qui englobe lieu de Création, de Production & de Représentation de Spectacles ? Comment les pratiques de ses utilisateur·ices s’en trouvent-elles nourries ?

À UP, c’est un Open Space de 550m², divisé en 3 zones de travail distinctes, qui accueille toute la Saison les Circassien·nes [Pros] pour leurs préparation physique, travail technique sur agrès & recherches artistiques plus spécifiques. Depuis son implantation à Molenbeek en 2021, le nombre d’Artistes Professionnel.les s’entraînant à UP – Circus & Performing Arts n’a cessé de croitre. Tout au long de la Saison dernière, ils et elles étaient près de 300 à se partager les 3 zones de l’Open Space, pour un total de 5.000 heures d’entraînements cumulées [5.134 heures pour être tout à fait précis·e]. Des chiffres en hausse qui témoignent d’un réel besoin dans le paysage circassien bruxellois.

Il faut dire que les infrastructures sont suréquipées : c’est un espace de 550m², mutualisé, pourvu d’agrès collectifs [Trapèzes, Tissus, Cordes, Cerceaux, Fils de Fer, Slacklines, Piste Air-Track, une forêt de Mâts Chinois, quelques Roues Cyr, des Tapis de Chute à la volée, une surface sur praticable et d’autres avec des tapis de danse, etc] que se partagent les Artistes en fonction de leurs besoins et du temps dont elles et ils disposent. Et c’est un programme de travail personnalisé que les utilisateur·ices peuvent se concocter, chaque jour, en totale autonomie, grâce à la puissante plateforme de réservation des créneaux en ligne « MY-UP ».  Celle-ci permet également de garder un regard sur les disciplines exercées par les autres Artistes au même moment. De quoi alimenter les réflexions autour de leurs pratiques ! 

 

Lieu de connexion(s) 

Car faciliter & encourager les échanges entre Professionnel·les, voilà l’une des nombreuses ambitions de l’équipe de UP – Circus & Performing Arts. Lieu de socialisation professionnelle, de recherche & d’échanges artistiques, les espaces d’entraînements bouillonnent de cette belle énergie, du lundi au vendredi, de 9h à 19h. Carlos David Barquero est un habitué des Trainings, depuis 2021, au sortir de ses études à l’ESAC et au moment de la création du Collectif Soif Totale né de sa promotion. L’Artiste costaricain privilégie l’entraînement en groupe : J’ai un truc très fort avec la collectivité. J’ai besoin de me nourrir des histoires des autres pour apprendre. La confrontation crée des remises en question et ça m’aide. Donc selon les opportunités, j’aime bien venir m’entraîner avec celles et ceux qui se rassemblent à UP.”  

Pour les Pros « primo-arrivant·es » ou les Artistes de passage qui n’ont pas encore constitué leur réseau dans la Capitale, les Trainings deviennent une véritable aubaine. C’est le cas de Laura Savolainen, jeune Finlandaise, formée au SKH Stockholm University of Arts [anciennement « DOCH »] et fraîchement débarquée à Bruxelles, qui s’entraine désormais à UP 3 à 5 fois par semaine : “Depuis 3 mois, j’ai rencontré pas mal de monde ici, un peu pour échanger autour de mes disciplines, mais surtout pour créer des connexions”. 

Comme le souligne le Rapport de recherche sur “L’Artiste de Cirque en entrainement” édité par Esacto’Lido [École des Arts du Cirque Toulouse Occitanie] en mars 2022, “[…] Il ne s’agit pas seulement de répondre à un besoin physique et disciplinaire, mais aussi de créer, souvent à un même niveau d’exigence, des dynamiques sociales, de renforcer le lien entre pair·es, le sentiment de filière, parfois même de communauté, voire de rendre l’arrière-scène, le quotidien de l’artiste, accessible au public et de le partager avec son territoire”. Une vision confirmée par Maxime Dautremont, acrobate & jongleur de la Cie One Shot : “J’ai rencontré mon partenaire de spectacles – Foucauld Falguerolles – en fréquentant UP [qui était encore l’Espace Catastrophe] il y a 21 ans. C’est parce qu’on s’entraînait au même endroit qu’on est devenus amis, puis on a démarré un projet ensemble”. 

 

Ébullition à tous les étages 

Renouveler les pratiques et nourrir les dynamiques au contact des autres, voilà donc aussi l’objectif affiché par ces Trainings qui bénéficient en plus de l’ébullition palpable et propre à un lieu dédié à la Création. Pour Laura, qui pratique le Fil de Fer & le Hula Hoop, au-delà du fait qu’UP est « le meilleur endroit où pratiquer mes disciplines, on ressent immédiatement que c’est bien plus qu’un espace d’entraînements. Je n’ai pas encore saisi tout ce qu’il y a comme possibilités ici, mais je vais m’y pencher car les opportunités semblent nombreuses. C’est vraiment un lieu unique à Bruxelles. »

L’accompagnement des Artistes de Cirque à tous les stades de leur développement, dans le temps long de la Recherche, comme dans la Création ou la Production, est LE credo du Centre scénique, depuis près de 30 ans. Pourtant ces lieux sont encore trop rares. Ce que rappelle François Alaitru, chargé de développement des projets de la Cie Galapiat Cirque en France, dans le rapport édité par Esacto’Lido : “On manque d’espace d’entraînements, alors on crée des espaces spécifiques, mais l’important c’est le processus : je m’entraine, je crée, je joue. Difficile de mettre ça entre quatre murs”. Mais ça, UP l’a bien compris. 

 

L’Entraînement, espace-temps pour la Recherche ? 

Au juste, hormis cet espace de socialisation, que représente encore l’entraînement pour les Circassien·nes dont c’est le métier ? Pour Carlos, qui a développé l’idée du vaping [le fait de produire de la vapeur via une cigarette électronique] comme discipline de Cirque dans la dynamique du jonglage, “l’entraînement, c’est une recherche qui ne s’arrête jamais. Une recherche pour comprendre notre propre corps”. Laura, qui a, elle, intégré la Cie Hopscotch pour un spectacle de rue à l’été 2024, s’est beaucoup entrainée pour les figures les plus physiques, mais a aussi eu besoin d’un travail plus cérébral de mémorisation des enchaînements. Et quelque fois, s’entraîner, pour elle, c’est aussi improviser : “Parfois, j’aime l’improvisation, mettre de la musique et voir ce qui vient”. Avec toujours un grand respect pour ce corps qui est avant tout un outil de travail ! 

Pour toustes, l’entraînement évolue au cours de la carrière : on s’entraîne différemment si on est encore à l’école ou si on a 20 ans de pratiques, si on est en pleine Création ou au tout début d’un nouveau processus. “Depuis que le Cirque est mon métier, mon rapport à mon corps a changé, continue Carlos. Mon objectif n’est plus de sortir les plus grosses figures acrobatiques. Le travail de la scène, ce n’est pas que de la technique, loin de là”. Pour Maxime, avec les années qui s’accumulent et le corps qui récupère moins vite, l’entraînement reste surtout lié au travail purement physique : « Pour moi, maintenant, c’est principalement de la préparation physique et du travail technique d’acrobaties au sol. Et quand il me reste un peu de temps, je fais plutôt de la recherche, soit en mouvements, soit en manipulation d’objets”. Idéalement, pour un travail optimal, Maxime vient s’entraîner à UP 3 à 4 fois par semaine “pour allier physique et temps de recherche”. Un ratio privilégié par d’autres Artistes qui, en cela, sont aidé·es par un outil numérique de planification/réservation ultra fonctionnel et performant… 

 

My-UP, service « sur mesure » 

Si d’autres lieux en Europe proposent aussi des espaces d’entraînements en leur sein, comme La Grainerie à Balma/Toulouse, La Central del Circ à Barcelone ou, plus récemment, La Cascade – Pôle National Cirque en Ardèche, UP – Circus & Performing Arts est sans doute le seul lieu à avoir développé une plateforme numérique de gestion et de planification qui permet aux Artistes d’être 100% autonomes au niveau de l’organisation de leur temps de travail : aperçu  [en temps réel] des disciplines pratiquées par d’autres artistes, gestion des espaces disponibles en fonction des techniques, réservation des créneaux à distance, etc. Le tout en quelques clics, bien vite assimilés par toustes les utilisateur.rices. En ce sens, My-UP pousse l’automatisation de la planification à distance un cran plus loin, tout en restant un allié fidèle des Artistes dans la compréhension de leurs besoins. Maxime, en tout cas, est séduit par l’outil : “C’est super facile à utiliser. Et pratique, parce qu’en fonction de ce que je fais dans la journée, je peux aussi m’inscrire au dernier moment si j’en ai envie”… On avait dit « sur mesure » ? 

  • Photos © Suk-kyo Gorman
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