DANS TON CŒUR : l’amour, ça déménage !

Une tornade d’amour et d’énergie, qui balaye tout sur son passage : ainsi les spectateurs tout décoiffés témoignent-ils de leur passage sous le réjouissant chapiteau d’AKOREACRO. Tout indique que les premiers frimas d’automne se réchaufferont de quelques degrés avec la visite de DANS TON CŒUR sur l’esplanade de UP – Circus & Performing Arts, pour une programmation partagée avec les Halles de Schaerbeek. Sous la toile rouge et blanche devenue la signature de la Compagnie française, 8 acrobates & 4 musiciens vous attendent de pieds [et de mains] fermes pour vous narrer, tous ensemble et tout emmêlés, la plus classique des histoires d’amour qui soit : on se rencontre, on tombe amoureux, puis on tombe un peu des nues, on se rattrape, on se trompe, on se retrouve… Terriblement banal, direz-vous ? Sauf qu’ici, tout dérape. Nos 12 compères transforment le plus familier des scénarios en acrobaties purement saisissantes, tandis que les petits riens de l’existence sont grossis à la loupe de prouesses exponentielles. Le chic de tout cela ? « On oublie la virtuosité et la prouesse parce qu’on est happé par le propos… qui rend l’art acrobatique encore plus saisissant », observe avec malice Jean-François Pika. Le directeur de production lève pour nous un coin du voile de cette mécanique explosive, destinée à réchauffer le cœur de tous les publics. 

 

 

Pour la première fois, la compagnie AKOREACRO travaille avec un metteur en scène de Théâtre, Pierre Guillois. Comment l’alchimie s’est-elle mise en place entre Cirque et Théâtre ? 

Jusqu’à présent, les spectacles d’AKOREACRO étaient en effet des créations collectives. L’écriture et la mise en scène étaient le fruit d’un travail de groupe. Ce qui nous guidait, c’était la fusion métronomique entre l’acrobatie et la musique live. Cette fusion, c’est notre dada, notre cheval de bataille ! On le chevauche toujours avec DANS TON CŒUR, mais on pousse plus loin le lien entre geste acrobatique et récit. 

Avec Pierre Guillois, nous avons goûté à l’exploration d’une dramaturgie, d’une écriture narrative. C’est toujours un peu casse-gueule d’aller titiller le Théâtre avec le Cirque : nous sommes des gens de scènes, mais pas nécessairement de Théâtre. Comment raconter une histoire à travers la voltige ? Au début, après les premières répétitions, Pierre se posait mille questions : il était tellement ébloui par l’acrobatie qu’il ne voyait pas comment diriger l’écriture ! Puis on peut dire que nos deux univers se sont pleinement rencontrés. Il a trouvé la synthèse idéale, entre fou rire et haute voltige. On s’est beaucoup amusés au fil de la création, et je crois que cela se ressent ! 

 

Le Cirque est, par essence, associé au geste « hors du commun ». Comment se fait-il qu’il puisse si bien raconter notre quotidien ? 

Avec Pierre, nous sommes vraiment partis d’une narration très quotidienne : c’est l’histoire d’un couple qui se rencontre sur une chaîne de montage, à l’usine, puis qui va vivre les hauts et les bas – ici au sens propre ! – d’un lien amoureux. Cette histoire est un prétexte pour amener des éléments de Cirque et le piquant de l’humour : très vite, ça dérape, les gestes partent en acrobatie, en portés, scandés par la musique live. La routine s’affole, l’électroménager s’en mêle et on est parti pour 1h15 explosive, au délire joyeusement communicatif. Les objets et les aléas du quotidien sont en quelque sorte détournés, sublimés. Le public se retrouve dans toutes ces petites histoires, vues sous un angle totalement surréaliste. 

 

Le spectacle est accessible à partir de 6 ans. Ne faut-il pas s’être cassé quelques dents sur les rochers de l’amour pour apprécier DANS TON CŒUR ? 

Avec AKOREACRO, on a toujours adoré les spectacles qui permettent différents degrés de lecture. DANS TON CŒUR est émaillé de quelques scènes de combats complètement loufoques, à la Tarantino – sans l’hémoglobine. C’est du muet, du slapstick. Les enfants se marrent et ont leur degré de lecture, tandis que les grands se marrent aussi en ayant le leur, qui concerne sans doute davantage des expériences vécues… 

 

L’approche acrobatique et physique a donné son nom à la Compagnie. Dans quel esprit est né AKOREACRO ? 

La Compagnie est née d’un quatuor qui, après avoir étudié à l’École Nationale de Cirque de Châtellerault [près d’Orléans], n’a plus voulu se quitter. Tous les 4 sont allés se former en Russie, pour se spécialiser en banquine. À leur retour, ils avaient atteint un niveau assez fort. Lors d’un de leur spectacle de rue, ils ont rencontré un quatuor de musiciens et de 4, ils sont passés à 8 ! AKOREACRO est né de cette rencontre, à la fois entre des personnes et entre des genres : l’acrobatie et la musique, nos deux mamelles artistiques ! Acrobatie et musique forment un tout au profit d’une narration. Les musiciens ne sont pas un orchestre à côté de l’espace de jeu, ils font partie intégrante du spectacle. Ils sont aussi acteurs et acrobates… tout comme les acrobates sont aussi musiciens. 

 

 

Acrobatie, Musique… et Chapiteau, votre troisième marque de fabrique. En 2012, vous avez acquis cette énorme toile rouge et blanche sous laquelle vous nous accueillez aujourd’hui. Le Chapiteau est-il le terreau de votre imaginaire ? 

Oui, parce que nous créons nos spectacles en circulaire. Nous tenons à ce que toutes nos résidences de création aient lieu sous chapiteau. Lors de nos spectacles, le public est tout autour de l’action. Pour nous, le chapiteau est un grand chaudron, on se fait un plaisir de faire bouillir la marmite en invitant les spectateurs « chez nous ». On se donne à fond, à 360 degrés ! Et après le spectacle, on aime prolonger la fête en jouant de la musique à la sortie. Le chapiteau nous permet d’accueillir et d’accompagner le public avec l’intensité qui compte pour nous. 

 

Pour vous, le Chapiteau semble presque une philosophie… 

On y croit à fond. Contrairement aux idées reçues, un chapiteau ne revient pas plus cher que de financer un théâtre de 800 places. Le projet économique mérite d’être réfléchi. Il faudrait de plus en plus de chapiteaux dans nos villes : d’une part, ils participent à l’économie, puisque nous consommons local en nous implantant. Et d’autre part, il permet un tout autre accès aux Arts de la Scène : la toile d’un chapiteau est plus facile à pousser que la porte d’un Théâtre. Pour nous, le Chapiteau incarne notre volonté d’un Cirque nouveau, populaire et de grande qualité acrobatique et musicale. Oui, on peut rêver de qualité artistique sous la toile ! 

 

 

C’est votre « première fois » à Bruxelles. Heureux de la perspective ? 

On est ravis ! On est là grâce aux efforts conjoints des Halles de Schaerbeek et de UP – Circus & Performing Arts, qui croient dur comme fer à la puissance du Cirque. C’est génial de voir le travail qui est fait, notamment pour accueillir régulièrement des chapiteaux sur l’esplanade de UP. Bruxelles est une ville « passionnément Cirque » ! On se réjouit d’y être… 

 

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Le spectacle DANS TON CŒUR est à découvrir sous chapiteau @ UP – Circus & Performing Arts |
Programmation partagée avec Les HALLES. 

 

DATES :  

Mercredi 29.11 à 19h 

Jeudi 30.11 à 20h30 

Vendredi 01.12 à 20h30 

Samedi 02.12 à 19h 

Dimanche 03.12 à 17h 

 

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Photos © Richard Haughton