Nous nous sommes tant aimantés.

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Avec le projet «Mû», la Tournoyante Production de Simon Carrot se joue des lois de l’attraction [terrestre]. Imaginez une scène où l’on peut marcher au plafond, rester collé aux murs ou ne pas glisser dans les pentes! Entre sciences & magie, l’équipe fait escale cette semaine à l’Espace Catastrophe pour bâtir une nouvelle Forme Courte, au titre digne d’un manifeste: «On ne s’étonne plus assez de marcher sur la terre». Cette création est lauréate de l’Appel à Projets XS & UP! 2021, promu par l’Espace Catastrophe & Théâtre National Wallonie-Bruxelles. «Mû» aurait dû être dévoilée début avril mais les rendez-vous ont dû être à nouveau annulés. On se glisse quand même dans la salle? Attention: vertige assuré!

Il a beau dire qu’il n’est « pas scientifique dans l’âme », Simon Carrot est indéniablement un savant fou. Dès ses études supérieures, au milieu des années 2000, ce circassien ne se contente pas de tournoyer sur sa roue allemande ou sa roue Cyr. Il profite des ateliers de son école, le CNAC [Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne], pour forger de nouveaux agrès. Avec une cintreuse, il détourne notamment une roue en spirale. Il l’utilisera d’ailleurs dans LIMBES, le premier spectacle de Tournoyante Production, la compagnie qu’il fonde en 2010. Mais visiblement, la forge ne lui suffit pas. Avec , vaste projet qui l’amène aujourd’hui à Bruxelles, c’est une autre force qu’il entend défier : la gravité.

« Tout est parti d’une association d’idées », explique-t-il, assis à quelques mètres de l’impressionnant plan incliné de métal bâti pour On ne s’étonne plus assez de marcher sur la terre, projet aujourd’hui coproduit par l’Espace Catastrophe et le Théâtre National. « Je suis parti du simple constat que nous, les circassiens, nous travaillons toujours avec les forces de la physique. Et en particulier avec l’une d’entre elles : la gravité. Serait-il possible de faire du cirque dans l’espace ? La jonglerie, le mât chinois ou le trapèze – tous les Arts du Cirque en fait – sont une lutte entre les humains et cette force primordiale. Est-ce que d’autres forces qui n’ont pas encore été envisagées peuvent faire Cirque ? »

 

 

Des « gravités transformées »

Comme vous vous en doutez, ce forgeron n’a pas laissé les questions flotter en l’air. Depuis près de 5 ans, il soude, visse et teste ses idées philosophiques en les incarnant dans le métal. « L’idée du magnétisme est venue de mes interrogations sur la gravité : la terre, en quelque sorte, est un énorme aimant qui nous colle à elle.  Alors justement, en travaillant avec des aimants, peut-on arriver à créer des situations différentes ? ». Il est bien connu qu’à deux, on rêve plus loin : avec Ulysse Lacoste, plasticien sculpteur et scénographe, Simon Carrot s’emploie à créer ce qu’ils appellent des gravités transformées. Par l’alliage de surfaces métalliques, d’électro-aimants et d’éléments réactifs [des semelles ou des pieds de chaises en métal par exemple], tout est possible : les acrobates invité.e.s à explorer les dispositifs sont évidemment soumis à la gravité, mais, par déclenchement électrique, ils et elles peuvent marcher au plafond ou rester collé aux murs. « C’est comme un jeu de construction : on peut moduler les dispositifs scéniques à l’infini, en combinant les éléments différemment. »

 

 

, nom de code général du projet, peut prendre la forme d’un atelier, d’une performance ou d’un spectacle, court ou long, en intérieur comme en extérieur. Un fil métaphorique relie toutefois tous ces formats : « Par extrapolation », explique Simon, « ces gravités transformées nous invitent à nous interroger sur le monde dans lequel on vit et à nous ‘réétonner’ de cette réalité ». À quelques mètres de nous, le plan incliné d’On ne s’étonne plus assez de marcher sur la terre invite à la même redécouverte. Cinq acrobates y glissent, dansent, dérapent, s’entraident ou se perdent, comme des grains de sable marquant la course du temps dans un sablier. « Le principe du plan incliné permet une large exploration technique et dramaturgique », reprend Simon. « Nous travaillons beaucoup sur la notion de fuite en avant, sur cette force à laquelle il est difficile de résister. La métaphore avec nos temps présents est évidente. Comment doit-on faire face à cette idée du temps qui passe, à cette logique d’écoulement, d’effondrement peut-être ? Par quelles stratégies s’en sortir ? »

La recherche physique prend ici un sens particulièrement riche, à la lisière du Cirque, de la Science, de la Danse et même de la Philo en action. C’est bien ce croisement des Arts que cherchent le Théâtre National et l’Espace Catastrophe à travers leur collaboration sur cet Appel à Projets hybrides. « Pour nous, c’est l’écrin parfait », commente Simon. « Ce désir de pluridisciplinarité correspond pleinement à notre recherche. Pour , je parlerais d’interdisciplinarité, dans le sens où notre travail se tient vraiment au carrefour des genres : il est né du croisement du Cirque et de la Science, de la Danse et d’autres Arts du mouvement, comme le Parkour. Je pense que cette rencontre entre les genres est dans l’ADN du Cirque. Depuis toujours, le circassien est naturellement interdisciplinaire : il chope tous les genres, tout l’intéresse. Et il met tout à sa sauce. » Cuisinier ou savant fou, peu importe : vivement goûter aux alambics !

 

 

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Copyright photos : Espace Catastrophe – Mathilde Schockaert


Retrouvez « On ne s’étonne plus assez de marcher sur la terre » :

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