De l’Italie qui descendrait la Senne
Le Cirque, c’est bien connu, a le sens du partage. Pendant 5 semaines, le projet « Brà.vo » a fait escale à UP - Circus & Performing Arts, permettant à 5 jeunes Compagnies & à 5 jeunes Opérateurs italiens de se plonger dans la vie culturelle & artistique bruxelloise & de croiser leurs pratiques avec d’autres réalités.
Le Cirque contemporain, en Italie, aurait-il besoin de quelques vitamines ? « On manque carrément d’oxygène. Et on a vraiment soif d’apprendre les bonnes pratiques à l’étranger », répond Giacomo Costantini, fondateur et directeur de Circo El Grito avec Fabiana Ruiz Diaz. Le duo, explorateur et pionnier du Cirque contemporain en Italie, a rêvé le projet « Brà.vo » comme une exploration qui permettrait de renforcer leur secteur. « Transmettre, c’est aussi décloisonner nos pratiques », commentent Benoît Litt & Catherine Magis, directeurs de UP – Circus & Performing Arts. « Le partage est le principe de base de notre lieu… et du Cirque! »
Le ciel d’un bleu parfait, où se découpe l’enseigne El Grito au sommet d’un chapiteau blanc, pourrait presque nous faire croire à un voyage en Méditerranée. En ce mois d’avril solaire, nous sommes pourtant bel et bien sur l’esplanade extérieure de UP – Circus & Performing Arts, à Molenbeek, où un solide projet a bourgeonné : Brà.vo, c’est un peu d’Italie qui remontrait la Senne, puisque toute une caravane de jeunes circassiens italiens ont convergé vers Bruxelles pour vivre l’expérience d’un lieu de création. L’objectif ? Renforcer un secteur qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser (vu de Belgique), manque encore de l’essentiel.
« Il y a un problème culturel énorme en Italie », nous explique Giacomo Costantini, directeur du Circo El Grito avec Fabiana Ruiz Diaz. « À Rome par exemple, où il y a 6 millions d’habitants, il n’y a quasiment pas de lieux où répéter un spectacle de Cirque. Il y a un manque d’échanges, de rencontres, de partages autour de la création. » Plutôt que de se lamenter, le Circo El Grito a remonté ses manches, obtenu un financement du Ministère de la Culture italien et convaincu des partenaires nationaux – le Cirk Fantastik et Juggling Magazine. 5 jeunes compagnies et 5 opérateurs italiens ont été sélectionnés pour participer à l’aventure : aller voir à l’étranger de quel bois se chauffe le Cirque contemporain et nouer des contacts pour développer un secteur émergent. L’appel a été largement entendu : « Nous avons reçu une centaine de candidatures d’artistes et d’opérateurs italiens », rapporte Giacomo. « Cela démontre combien on manque d’oxygène. On a vraiment soif d’apprendre les bonnes pratiques à l’étranger. C’est le premier projet visant à soutenir l’internationalisation du Cirque actuel italien. C’est un début. »
Éclairer la route
Entre El Grito et UP – Circus & Performing Arts, la passion de l’échange ne date pas d’hier. « Il y a 15 ans, notre Compagnie est née à l’Espace Catastrophe », s’exclame Giacomo. « Le soutien de Catastrophe a été déterminant dans la création et l’évolution de notre Compagnie, au niveau artistique et administratif, aussi. C’est un lieu tellement inspirant ! Aujourd’hui, tandis qu’on rêve de voir se professionnaliser le Cirque contemporain en Italie, c’est une évidence de venir à Bruxelles pour éclairer nos jeunes compagnies et opérateurs. UP est comme un carrefour où se réfléchissent tous les aspects du Cirque : création, entraînement, diffusion, recherche,… Un lieu comme celui-ci n’existe tout simplement pas en Italie. Bruxelles est multiculturelle, multidisciplinaire. Nous voulions que nos jeunes artistes puissent découvrir cette réalité de près. »
Isaac Valle, spécialiste du vélo acrobatique, fait partie du quintette d’artistes choisis – sur le volet – pour l’aventure internationale. Il confirme l’intensité du séjour et le plaisir de la découverte. « En Italie, il y a très peu de dynamiques de soutien public aux artistes émergents », abonde-t-il. « Le fait d’observer et de vivre de l’intérieur le quotidien d’un lieu comme UP et d’une ville comme Bruxelles est génial. Je suis ravi de l’immersion ! » D’ailleurs, après sa résidence de recherche autour de Lebe, sa nouvelle création, il a décidé de rester un peu plus longtemps. « J’avais envie de continuer les rencontres, ce n’est pas courant de vivre ainsi au milieu de professionnels, tous passionnés ! »
Les échanges sont bénéfiques pour les visiteurs comme pour leurs hôtes. Pour UP, ce soutien au secteur italien, c’est aussi de l’oxygène pour le Cirque belge. « Le Cirque est de plus en plus sans frontière. Les circassiens accueillis à UP, qu’ils viennent d’Italie ou d’ailleurs, ouvrent aussi nos propres fenêtres, permettent de continuer à nous décloisonner et aux artistes résidants en Belgique de multiplier les rencontres », commentent Catherine Magis & Benoît Litt, directeurs de UP. « L’idée de partage et de transmission est essentielle à nos pratiques, sinon on se renfermerait sur nous-mêmes. L’ouverture sur les gens et sur les disciplines constituent le principe de base de notre projet. C’est aussi le principe de base du Cirque ! »
« Nous plantons des graines », estime également Giacomo Costantino. L’eau de la Senne, comme celle de la Méditerranée, est précieuse pour les faire germer.
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